Democrazy #6 - Des artistes pour la démocratie, un Observatoire de la Non-liberté et les points chauds de la semaine
L'actualité des démocraties et de l'engagement citoyen
Au sommaire
Focus - L’engagement artistes en faveur de la démocratie
Initiative - L’Observatoire de la Non-liberté (Unfreedom Monitor) sur la gouvernance autoritaire du numérique
Points chauds : France, Guatemala
Source : Sliman Mansour - Rituals under occupation (1989)
DES ARTISTES POUR LA DEMOCRATIE
Le peintre de renommée internationale Sliman Mansour aurait préféré ne peindre que “des fleurs et des femmes fascinantes” mais son art est devenu un symbole de résistance face à l’occupation israélienne de la Palestine. Le média Middle East Eye dresse le portait de celui qui n’a de cesse de s’engager en peignant des symboles associés à la lutte palestinienne, tels que la branche d’olivier; l’orange de Jaffa, la colombe ou le keffieh.
En République démocratique du Congo (RDC), le centre culturel Waza de Lubumbashi sensibilise les jeunes à la culture de la non-violence et de la démocratie à travers l’art. Le slam notamment est un outil de promotion de la paix à l’approche des échéances électorales. Ce travail fait écho à celui engagé à Goma par Ben Kamuntu, slameur et membre du mouvement citoyen, en faveur de la démocratie et contre l’impunité.
Le 7 octobre prochain le rappeur togolais Elom 20ce, propose pour la troisième fois en France le concept Arctiviste, un Forum où les Arts urbains sont mis au service de la conscience et de l'engagement. Cette fois-ci, c’est Dulcie September qui sera à l’honneur, militante anti-apartheid qui a été assassinée à Paris en 1988. Les places sont disponibles ici.
UNFREEDOM MONITOR : documenter l’utilisation croissante du numérique à des fins autoritaires
Les régimes autoritaires et dictatoriaux utilisent depuis longtemps les technologies de communications et les médias pour maintenir leur pouvoir. En 2010, Rebecca MacKinnon, co-fondatrice de Global Voices, a proposé le terme « autoritarisme de réseau » pour définir la manière dont la Chine manipule Internet afin de conserver le pouvoir. Pour Shoshana Zuboff nous vivons à l’âge du “capitalisme de surveillance” avec des multinationales qui colonisent et contrôlent nos informations personnelles. Aujourd’hui, l’autoritarisme numérique est devenu une pratique courante de tous types de gouvernements et face à ce constat Global Voices Advox a lancé l'Observatoire de la non-liberté, une initiative de recherche qui examine le phénomène croissant de l'autoritarisme en réseau ou numérique dans une vingtaine de pays.
POINTS CHAUDS
Source : Convention citoyenne pour le climat (Creative Commons)
FRANCE
La garde-à-vue et la perquisition au domicile de la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux dans cadre d’une information judiciaire pour compromission du secret de la défense nationale est une atteinte à la liberté de la presse. L’offensive judiciaire et gouvernementale contre le secret des sources intervient à la veille des Etats généraux de l’information et a été dénoncée par plus de 40 sociétés de journalistes. Cet évènement illustre la dégradation de la liberté de la presse : cette année, la France est à la 23e place du classsement de Reporters sans frontières ; elle était 11ème il y a vingt ans.
La réponse à la crise démocratique pourrait passer par une Convention Citoyenne sur la Démocratie. C’est en tout cas ce que proposent les signataires de l’appel initié par l’association Démocratie Ouverte. Ils pourront s’appuyer sur le guide publié par Democracy Next et qui se veut une ressource pour tout institution, organisation, administration municipale ou décideur politique intéressé par la mise en place une assemblée de citoyens. La place des citoyens dans la sphère publique et leur participation aux institutions de la vie démocratique se pose aussi au sein du pouvoir judiciaire : depuis le 1re janvier 2023, les jurés populaires des Cours d’assises ont perdu environ 50 % des affaires auparavant portées devant eux, remplacés par des magistrats professionnels. “2023 : le coup de grâce au jury populaire ?” s’interroge le chercheur Alexandre Frambéry-Iacobone.
GUATEMALA
Le Guatemala vit une crise politique profonde. Bernardo Arevalo a remporté fin août la présidentielle sur un programme de lutte contre la corruption. Mais sa spectaculaire percée a conduit les élites économiques et politiques du pays, à travers le ministère public, a multiplié les procédures à son encontre. Sur avis du parquet, un juge avait ordonné le 12 juillet la suspension de son parti Semilla pour de supposées irrégularités lors de sa création en 2017. Plus de trois semaines après l’élection présidentielle, le parquet a saisi les urnes du scrutin et Arévalo a qualifié cela de tentative de coup d’Etat. Arévalo est le fils de Juan José Arévalo, le premier président démocratiquement élu du Guatemala, de 1945 à 1951, père du "printemps démocratique", une expérience politique qui visait à réformer les structures féodales qui dominaient le pays mais qui a été stoppée par un coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis. Pour le chercheur Gaspard Estrada, la tentative de censurer le candidat reflète la fragilité de la démocratie et de l'Etat guatémaltèque. Les Guatémaltèques se mobilisent dans les rues pour exiger le respect des résultats du scrutin.
Pour finir - la citation
Karl Popper (philosophe, 1902-1994), La Leçon de ce siècle (1993) : « L’essentiel dans toute forme de gouvernement, est que l’on puisse déposer le gouvernement sans effusion de sang ».