Democrazy #3 - La conversation pour organiser son collectif, un média sur la participation et les points chauds de la semaine.
L'actualité des démocraties et de l'engagement citoyen
Au sommaire
La “conversation intentionnelle” : un art au service de l’organisation collective
Le lancement d’un média sur la participation citoyenne
Le lien entre démocratie, corruption et bonheur étudié
Un concert pour la démocratie en Afrique organisé à Paris
Points chauds : Brésil, Zambie, Tunisie, Togo et Niger
ARTICLE - Construire des collectifs grâce à la conversation intentionnelle
L’association Organisez-vous qui accompagne des militant.e.s en France grâce aux méthodes et outils de l’organisation collective (“community organizing”) vient de traduire un texte important sur la conversation intentionnelle, outil clé pour organiser des collectifs dans une société démocratiques. Dans Roots for radicals : organizing for power action and justice, Edward T. Chambers décrit la conversation intentionnelle comme une forme d’art qui permet de découvrir l’esprit d’autrui dans son intégralité. Elle vise à “agiter autrui” et permet de construire des « amitiés publiques » dans le but d’organiser de manière efficace des combats pour la justice.
MEDIA - Lancement de “démocratieS : le média critique de la participation”
Un pour cent des citoyens participent effectivement. Et ce sont toujours les mêmes. La demande de participation existe-t-elle ? C’est cette interrogation qui sert de fil conducteur au premier numéro du média en ligne “démocratieS”. En plus d’articles disponibles gratuitement en ligne, un podcast interroge 6 acteurs de terrain pour poursuivre la discussion. Une initative à suivre.
RECHERCHE - Corruption, bonheur et démocratie
Se basant sur une méthodologie économétrique et des indicateurs dans 36 pays d’Afrique subsaharienne, un article de la revue Mondes en développement affirme que la corruption a un effet négatif et significatif sur le degré de bonheur des individus tandis qu’un système démocratique atténuerait l’effet négatif de la corruption sur le bonheur. Pour les auteurs, il conviendrait de développer des politiques de lutte contre la corruption dans le secteur public et de promotion de la démocratie pour renforcer le bien-être des populations.
POINTS CHAUDS
BRESIL
Le Mouvement des sans terre (MST), plus grande organisation de masse du pays, réclame au président Lula da Silva de tenir ses engagements en matière de réforme agraire. Les tensions autour du foncier sont fortes et les partisans de l’ancien président Bolsonaro n’hésitent pas à utiliser la violence, comme en témoigne l’agression physique subie par une députée de l’Etat de Rio de Janeiro, membre du MST (article en portugais ici). La polarisation croissante de la vie politique au Brésil (et plus largement en Amérique latine) a un impact négatif sur la liberté de la presse, selon Artur Romeu directeur du bureau régional de Reporters sans frontières pour l’Amérique latine.
ZAMBIE
Pour l’auteur et professeur Sishuwa Sishuwa, la société civile s'est effondrée sous la présidence de Hakainde Hichilema. La cooptation de grandes figures de la société civile et l'incapacité des organisations restantes à demander des comptes au gouvernement sont préoccupantes pour l’équilibre démocratique du pays. C’est une situation préoccupante dans un pays qui a connu une alternance démocratique dans laquelle les organisations de la société civile ont joué un grand rôle. Partant du cas zambien, dans un article dont il est co-auteur, Shishuwa Sishuwa se demande : “Pourquoi les présidents en exercice dans les démocraties multipartites perdent-ils les élections plus fréquemment qu'auparavant ?” .
TUNISIE
Depuis son coup de force en juillet 2021, Kais Saied dirige la Tunisie de manière autoritaire. L’Union européenne, poussée par l’Italie, favorise toujours l’externalisation de ses frontières alors même que les naufrages au large des côtes tunisiennes et les violences contre les ressortissants d’Afrique subsaharienne se multiplient. Dans un article de Mediapart, le sociologue Mehdi Aliou resume avec force la situation actuelle :
TOGO
Selon un récent rapport de mission d’Amnesty International, l’Etat togolais ne garantit pas l’accès à la santé maternelle. Le manque de personnel, des équipements délabrés et une mauvaise qualité des soins contribuent des taux de mortalité infantile et maternelle élévés.
Toujours sur le plan des droits fondamentaux, une dizaine d'organisations de défense des droits humains signent un texte commun dans lequel elles s'inquiètent de la situation des prisonniers politiques au Togo. Il y a quelques mois, les évêques avaient également formulé “un plaidoyer auprès du gouvernement, pour la libération des prisonniers politiques”.
NIGER
Alors que la menace d’une intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger est toujours brandie, il est essentiel de lire l’interview de Remi Carayol, auteur du Mirage sahélien, sur le site le Grand Continent pour situer les enjeux régionaux et internationaux autour du putsch au Niger. En France, la principale association de la diaspora nigérienne s’est exprimée et rejette l’idée d’une intervention armée dans un pays déjà meurti par la violence djihadiste et des diffultés économiques fortes.
Plus largement, en Afrique de l’Ouest, c’est une démocratie faussée qui est rejetée. C’est ce que j’ai pu exprimer dans un article de Mediapart à ce sujet :
« La démocratie sociale, celle qui inclut la probité, l’éthique, n’a pas encore émergé. En tout cas pas assez. La désillusion est plus vis-à-vis des promesses de la démocratie, notamment qu’elle apporterait aussi le développement, que vis-à-vis de l’idée démocratique.”
CONCERT - Des artistes réunis à Paris pour défendre la démocratie en Afrique de l’Ouest
A l’occasion de la Journée internationale de la démocratie, Tournons La Page (TLP) organise un concert à Paris le 14 septembre 2023 à l’Espace Niemeyer. Didier Awadi (Sénégal), Meiway (Côte d'Ivoire), Elom 20ce (Togo), Nourrath la Debboslam (Niger), Nanda (Gabon), Léman (Bénin), Papy Kerro (RDC), Don Stash (Togo) et Lyne des Mots (Côte d'Ivoire) seront au rendez-vous. Les places sont disponibles ici.
Pour finir - la citation
John DEWEY, philosophe américain (1859-1952) : « La démocratie doit naître de nouveau à chaque génération et l’éducation est sa sage-femme. »